Programmation scientifique
2023-2027

Vers des réseaux de nouvelle génération?
Notre programmation examinera dans quelle mesure et comment l’action publique se transforme et favorise l’innovation collaborative, impliquant tous les acteurs concernés de la société.
Partout dans le monde, incluant au Québec, les impacts de la crise sociosanitaire liée à la COVID-19 ont exacerbé les inégalités sociales et les problèmes sociaux comme l’itinérance, la négligence des enfants, l’insécurité alimentaire et la violence conjugale. […]
Les réseaux locaux sont fortement mobilisés dans la réponse à ces problèmes sociaux. L’évolution des réseaux d’action collective étant loin d’être linéaire, il importe de continuer à analyser la manière dont ces réseaux évoluent dans des contextes de plus en plus houleux et incertains. Pour faire face à la turbulence, il faut déployer des stratégies robustes reposant sur la créativité et l’agilité d’organisations collaborant au sein de réseaux. Une gouvernance robuste dans un contexte de turbulence s’appuie sur ses capacités d’adaptation.
L’équipe REGARDS cherchera à mieux comprendre les capacités d’adaptation des réseaux locaux dans un contexte de forte incertitude. Nous proposons, dans le cadre de cet axe de recherche, de traiter des questions en lien avec ces dimensions :
- Comment les actrices et les acteurs impliqués dans les réseaux apprennent-ils collectivement dans un contexte de forte incertitude ?
- Comment émerge un leadership collaboratif dans un réseau impliquant des actrices et des acteurs ayant différentes positions sociales et ayant différentes logiques d’action ?
- Dans quelle mesure et de quelle manière ces dynamiques et ces processus favorisent-ils l’adaptation à la situation de crise ?
Grâce aux enseignements de cet axe de recherche, les actrices et les acteurs mobilisés dans les réseaux d’action collective apprendront comment s’adapter face à la turbulence et comment apporter des réponses novatrices aux besoins de la population. Ils et elles seront aussi en mesure d’identifier des stratégies pour pérenniser ces innovations.
La création de conditions favorables à l’émergence d’innovations durables dépend des innovations en matière de gouvernance. […]
Plusieurs experts et expertes s’entendent pour dire que l’efficacité de la gouvernance collaborative passe par des processus de cocréation, impliquant les différentes actrices et les différents acteurs concernés par une problématique, incluant les personnes citoyennes. Préalablement à la mise en œuvre collective de services et d’autres solutions, les parties prenantes impliquées, dont les personnes citoyennes, doivent collaborer pour comprendre les problèmes collectivement et concevoir ensemble de nouvelles et meilleures solutions. De l’avis de plusieurs chercheurs et chercheuses, ces processus de cocréation auraient avantage à s’appuyer sur l’approche de design thinking. Cette approche a le mérite de remettre en question la division entre la formulation et l’implantation de politiques publiques. Elle permettrait de remédier à une faiblesse importante de la gouvernance collaborative, à savoir les échecs d’implantation.
Cet axe de recherche porte une analyse critique des expériences de renouvellement de la gouvernance des réseaux en cours au Québec.
Plus précisément, il s’agira pour nous d’aborder les questions suivantes :
- Dans quelle mesure les pratiques en œuvre dans les processus de cocréation donnent-elles lieu à une gouvernance collaborative ?
- Dans quelle mesure transforment-elles les dynamiques de collaboration entre les actrices et les acteurs concernés agissant dans différents secteurs et niveaux de gouvernance ?
- Comment est-ce que cela se répercute sur l’engagement des actrices et des acteurs ayant différents intérêts et identités à l’égard du travail ensemble, sur la motivation partagée et sur le développement d’une capacité d’action conjointe ?
Les travaux associés à cet axe fourniront aux parties prenantes une rétroaction sur leurs efforts d’innovation en matière de gouvernance des réseaux et ainsi, alimenteront les moteurs de changement.
L’évaluation des effets de l’action en réseau doit être poursuivie en prenant en considération la complexité du phénomène […]
L’évaluation des effets se confronte à plusieurs défis : 1) établir quoi mesurer, sachant que les bénéfices peuvent se situer à différents niveaux (interactions, organisations, environnements) ; 2) décider quand mesurer (à quelle étape du cycle de vie d’un réseau) ; et 3) déterminer pour qui mesurer (sachant que les différentes parties prenantes peuvent avoir des perspectives différentes concernant les retombées de l’action collective, ainsi que des besoins différents).
Dans le cadre de la nouvelle programmation, nos travaux viseront à :
- Enrichir la mesure des effets de l’action en réseau (quoi mesurer ?). Des membres de l’équipe vont, en étroite collaboration avec des praticiens et des praticiennes, développer des outils pour identifier les effets intangibles des réseaux d’action collective, dans le domaine du développement social. Ces travaux se justifient par l’importance de ces effets pour la vitalité d’un territoire, et les faibles connaissances sur ces questions.
- Raffiner l’évaluation des effets de l’action en réseau sur différents groupes de populations (pour qui ?). Nos précédents travaux ont prouvé à quel point les effets de l’action en réseau sont variables, sachant que l’interaction entre le contexte et les interventions mises en place répond plus ou moins aux besoins des individus qui peuvent avoir des contextes de vie très hétérogènes.
Cet axe de recherche rendra tangibles pour les praticiens et les praticiennes les retombées typiquement invisibles de leurs actions et de leurs interactions, de manière à leur permettre d’ajuster leur pratique pour mieux répondre aux besoins des divers groupes de populations. Le fait de considérer cette diversité est essentiel pour la conception d’actions collectives éthiques.
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