Volume 21 2024 – Numéro thématique

Échéancier

  • 15 avril 2024 : Ronde 1 – Date limite de réception des tapuscrits
  • 15 juin 2024 : Date d’envoi des décisions éditoriales (Acceptation avec ou sans modifications / Rejet)
  • 15 juillet 2024 : Ronde 2 – Date limite de réception des tapuscrits révisés
  • 22 juillet 2024 : Date d’envoi des décisions éditoriales (Acceptation avec ou sans modifications / Rejet)
  • 26 août 2024 : Réception des tapuscrits améliorés
  • 9 septembre 2024 : Date d’envoi des décisions éditoriales
  • 28 octobre 2024 : Mise en ligne du numéro thématique

Important

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Numéro thématique
La performance sociétale : mise à nu et éperonnage de la performance publique ?
Volume 21 Spécial 2024

Plusieurs tendances sociétales globales (réchauffement climatique, transition écologique) etdans plusieurs pays, diverses crises (crise du logement et multiplication des sans-abris, crise des opioïdes, épidémie de solitude, etc.) amènent à s’interroger sur la façon dont l’action publique s’approprie et façonne les enjeux de société (Bartoli et Trebucq, 2023), et de manière plus spécifique, sur la gestion de la performance publique. Comme il est reconnu que ces tendances ne peuvent pas être infléchies, ni ces crises, jugulées par les seuls pouvoirs publics, la performance publique doit être conçue, resituée et évaluée à partir de la performance de la société. Cette interrogation commence d’emblée par un recentrage des notions de performance

publique et de performance sociétale. Dans la littérature, la performance sociétale réfère le plus souvent à la prise en compte des retombées de l’action d’une organisation sur ses parties prenantes et de ses externalités dans son milieu (Boussoura et al., 2021), tout comme la performance publique est approchée et appréhendée par la gestion stratégique et opérationnelle des organisations de l’État (Mazouz et al., 2017). L’analyse de la performance par rapport à des phénomènes sociétaux demande de passer du niveau micro, « unité individuelle?d’organisation », au niveau macro, « écologique », en éclairant si possible le lien entre les deux, ce qui amène à repenser la gouvernance publique (Torfing, 2023).

La quête de performance sociétale anime les multiples palmarès de Villes ou de pays les plus remarquables sur maints aspects. Mais sa mesure présente des défis majeurs et plusieurs courants de littérature s’emploient à les relever, notamment ceux sur la qualité de vie et sur les indicateurs sociaux, depuis les années 1960. Plus récemment dans la foulée de la commission Stiglitz-Sen-Fitoussi (2008), divers travaux tentent de la mesurer de manière systématique (OCDE, 2019), d’en faire une composante significative des statistiques publiques (Sanmartin, 2021) et de l’introduire explicitement dans la conception et l’évaluation des politiques (ministère des Finances, Canada, 2021 ; Stiglitz, — Fitoussi et Durand, 2018, chap.4).

Dans une société en quête de sens (Saul, 1995), la performance sociétale est la matrice de l’expérience citoyenne, plus prégnante que le vécu dans les interactions avec les services publics. Le courant d’analyse sur la valeur publique (Moore, 1995 ; Osborne et al., 2021 ; Bryson et al., 2023) ouvre la voie à une compréhension plus large de la performance publique, sans que celle-ci soit toujours clairement distinguée de la performance sociétale. Le risque de dérive managérialiste, dénoncé par Mintzberg (1996), est alors d’établir une équivalence tacite entre performance publique et performance sociétale en laissant dans l’ombre l’apport des acteurs non publics (Moore, 2000) et l’importance des effets de milieu résultant de la configuration des acteurs, de leurs initiatives et des externalités de leurs comportements, ce que les analyses des expériences de co-création (Torfing et al, 2019 ; Bason, 2023) et la conceptualisation des écosystèmes d’action publique, en vogue naissante, tentent de cerner (Osborne et al., 2022).

Dans ce contexte, la performance sociétale, préoccupation légitime dans les discours politiques idéalistes et dans les buts généraux, ne doit pas sonner creux et être mise en relation avec la performance d’ensemble des organisations publiques et des autres acteurs non publics. Mais cette mise en relation est confrontée à des défis majeurs, d’abord d’analyse et ensuite de mesure. Mentionnons-en quelques-uns : le repérage et la mise en évidence des effets intersectoriels des actions sectorielles, le degré d’emprise des diverses stratégies et instruments d’action publique sur les comportements collaboratifs des citoyens (individuels et corporatifs), la reconnaissance de tous les contributeurs (pas seulement publics) dans l’évolution des situations, la prise en compte des facteurs intangibles de nature holistique dans le dynamisme des milieux à différentes échelles (exemple, climat d’affaires, énergie collective), etc.

De multiples courants d’analyse, outre ceux centrés spécifiquement sur la performance, peuvent être éclairants pour l’analyse de la relation performance sociétale/performance publique. Mentionnons-en quelques-uns : la complexité des wicked problems (Head, 2022), la valeur publique (Cluley et al., 2023), la coproduction sous toutes ses formes (Loeffler, 2021), la gouvernance des réseaux (Wang et Ran, 2023), l’impact collectif (Ennis et Toffa, 2020), les milieux innovants (Rapetti et al., 2023).

Ce numéro thématique est ouvert à toute contribution qui éclaire la relation entre performance publique et performance sociétale, quelle que soit son inspiration théorique. Les contributions potentielles pourraient être destinées aux différentes rubriques de la revue Télescope SM&P-OE (Politique éditoriale). Sans vouloir restreindre le champ des interrogations sur cette problématique présente depuis le début de la littérature de management public, mais restée larvée, les contributions pourraient porter, de manière non limitative, sur les questionnements suivants :

  • Quel rôle les indicateurs de performance sociétale jouent-ils dans la gouvernance des réseaux multisectoriels de partenaires, leur activation et le maintien de leur mobilisation ?
  • Les indicateurs (ou du moins les considérations) de performance sociétale ont- ils une place dans les rapports annuels de gestion des organismes publics, à différents niveaux de gouvernement ?
  • Dans quelle mesure les contributions des différentes sphères d’acteurs (publics, communautaires, philanthropiques, privés), dans la performance sociétale et dans la performance publique sont-elles reconnues ?
  • Les évaluations de projets et de programmes publics accordent-elles autant de place aux impacts sur la société (outcomes) qu’aux résultats (outputs) des organisations qui les portent ?
  • Dans les suivis en longue période des plans stratégiques, notamment ceux des collectivités locales, comment est mesurée l’évolution des situations en regard des grandes finalités mises de l’avant ?
  • De manière plus fondamentale, l’architecture des programmes publics est-elle encore adaptée aux processus actuels d’évolution de la société et à la mesure de la performance société ?

RÉFÉRENCES SÉLECTIVES

  • BARTOLI, A. et TRÉBUCQ, S. (2023). « Action publique et enjeux de société », Gestion et management public, vol. 11, no 3, p. 6-8.
  • BASON, C. (2023). « Cross-fertilisation of design labs and strategic public  management », dans C. GREVE et T. YSA (2023). Handbook on strategic public management, Edward Elgar, Cheltenham, UK, Northampton, MA, USA, 312 pages.
  • BOUSSOURA, E., BOUTIBA, R. et ZERIBI BEN-SLIMANE, O. (2021). « Vers une trilogie de la performance    sociétale    de    l’entreprise.    Principes,   acteurs    et    instruments », Management international, vol. 25, no 2.
  • BRYSON, J.M., CROSBY, B.C. et BARBERG B. (2023). « Public value governance and strategic public management » dans C. GREVE et T. YSA, Handbook on strategic public management, Edward Elgar, Cheltenham, UK, Northampton, MA, USA, 312 pages.
  • CLULEY, V., PARKER, S. et RADNOR, Z. (2023). « Editorial: Public value for all? Considering the parameters of public value co-creation?», Public Money & Management, vol. 43, no 1.
  • ENNIS, G. et TOFA, M. (2020). « Collective Impact: A Review of the Peer-reviewed Research », Australian Social Work, vol. 73, no 1, p. 32-47.
  • HEAD, B.W. (2022). Wicked Problems in Public Policy. Understanding and Responding to Complex Challenges, Palgrave, Macmillan, https://doi.org/10.1007/978-3-030-94580-0, 176 pages.
  • LOEFFLER, E. et BOVAIRD, T. (2021). The Palgrave Handbook of Co-Production of Public Services and Outcomes, Palgrave, Macmillan, https://doi.org/10.1007/978-3-030-53705-0, 728 pages
  • MAZOUZ, B. (2017). Gestion par résultats : concepts et pratiques de gestion de la performance des organisations de l’État, Québec, Presses de l’Université du Québec.
  • MINISTÈRE DES FINANCES, CANADA (2021). Vers une stratégie sur la qualité de vie pour le Canada. Ottawa, Canada, publications.gc.ca/pub?id=9.929640&sl=1, 39 pages.
  • MINTZBERG, H. (1996). « Managing government, governing management », Harvard Business Review, vol. 74, no 3, p. 75-83.
  • MOORE, M. H. (1995). Creating public value: strategic management in government, Cambridge, Ma: Harvard University Press, 416 pages.
  • MOORE, M. (2000). « Managing for value: Organizational strategy in for-profit, nonprofit, and governmental organizations », Nonprofit and Voluntary Sector Quarterly, vol. 29, no 1, p. 83-204.
  • OCDE (2019), Panorama de la société 2019. Les indicateurs sociaux de l’OCDE, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/e9e2e91e-fr.
  • OSBORNE, S.P, NASI, G. et POWELL, M. (2021). «?Beyond co-production: Value creation and public services?», Public Administration, vol. 99, no 4, p. 641–657.
  • OSBORNE, S.P. et al. (2022). « Value Creation in the Public Service Ecosystem: An Integrative Framework ». Public Administration Review, vol. 82, no 4, p. 634-645.
  • RAPETTI, C. et al. (2023). Development of Innovation Districts: A Performance Assessment. Triple Helix, vol. 10, no 1, p. 77-124.
  • SANMARTIN, C. et al. (2021). Améliorer les mesures du bien-être (qualité de vie) au Canada, Statistique Canada, 59 pages,.
  • SAUL, J. R. (1995). The unconscious civilization, Canada, House of Anansi Press & the Canadian Broadcasting Corporation, Toronto, 208 pages.
  • STIGLITZ, J.E, SEN, A. et J. P. FITOUSSI (2008). Rapport de la Commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social, Paris, 324 pages,
  • STIGLITZ, J., FITOUSSI, J. et Durand, M. (2018), Beyond GDP: Measuring What Counts for Economic and Social Performance, OECD Publishing, Paris, 143 pages.
  • TORFING, J., SØRENSEN, E. et RØISELAND, A. (2019). « Transforming the public sector into an arena for co-creation: Barriers, drivers, benefits, and ways forward », Administration & Society, vol. 51, no 5, p. 795-825.
  • TORFING, J. (2023). Rethinking public governance, Edward Elgar, Cheltenham, UK, Northampton, MA, 246 pages.
  • WANG, H. et RAN, B. (2023). « Governance and collaborative governance: a thematic analysis on their similarities, differences, and entanglements », Public Management Review, vol. 25, no 6, p. 1187-1211.
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